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Une semaine de formation au cœur d’une forêt urbaine ébranlée

Par Laura Jeanne Raymond-Léonard, étudiante au doctorat en biologie à l’UQÀM

Depuis le début de mon doctorat (2021), je suis membre du programme Ufor, qui vise à former des étudiants en foresterie urbaine à l’échelle pancanadienne. Dans le cadre de celui-ci, nous devons entre-autres participer à des séminaires mensuels et à une école d’été (ou d’automne !) de quelques jours. Dû au contexte sanitaire pandémique, l’école d’été de 2021 avait eu lieu en format hybride où on faisait des activités dans nos villes respectives (Montréal, Toronto, Halifax, Vancouver), puis tous ensemble sur zoom. Cela faisait donc plus d’un an que je développais des liens avec un groupe d’étudiants, sans toutefois les avoir réellement rencontrés. Ce fût une joie d’apprendre que l’école 2022 aurait lieu en présentiel et ce, à Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard) du 30 septembre au 2 octobre, suivi d’une participation à la Conférence canadienne sur la forêt urbaine (CCFU) du 3 au 5 octobre 2022. Enfin, l’occasion de se rencontrer en vrai dans des contextes formels…et plus informels ! Bien qu’une partie des coûts était couverte par Ufor, je n’aurais pas pu assister à cette formation sans l’obtention du prix d’excellence du CSBQ. Mais voilà qu’une fois le financement assuré, les billets d’avion achetés et les valises sorties, un imprévu a failli faire tout dérailler !

Moins d’une semaine avant notre départ, la tempête post-tropicale Fiona a frappée de plein fouet les maritimes, notamment Charlottetown, causant des dommages matériels considérables et plongeant des milliers de personnes dans le noir dû aux pannes électriques. Les organisateurs Ufor et CCFU ont donc dû jongler (très fort) avec leur programmation et n’ont confirmé la tenue de leurs activités qu’à la dernière minute. De notre côté, c’est un AirBnB sans électricité qui nous attendait. Nous updations sans cesse la carte des pannes de Maritime Electric dans l’espoir que cela revienne. Le matin même de notre départ, mon labo hésitait encore à s’envoler vers Charlottetown. Était-ce mal placé d’aller à une conférence dans une zone littéralement sinistrée, alors que beaucoup de citoyens subissaient toujours les contrecoups de la tempête ? Était-ce réaliste d’aller dans une maison sans électricité ? De plus, en cas de désistement, nous risquions de ne pas pouvoir se faire rembourser les fonds dépensés jusqu’à maintenant, lesquels étaient considérables ! C’est après beaucoup de discussions, et ce, jusqu’à quelques heures avant notre vol, que nous décidons finalement de nous envoler et de faire de ce voyage une opportunité unique d’apprentissage. En effet beaucoup d’arbres avaient été endommagés et déracinés suite au passage de Fiona. L’école Ufor a été modifiée pour que nous nous promenions dans la ville afin de comprendre les raisons de tels dégâts au niveau des arbres (p.ex. mauvaises pratiques de plantation d’arbre, problèmes liés à la croissance en cellule en pépinière, etc). Notamment, les arbres déracinés offraient une occasion en or de voir les systèmes racinaires défaillants ! C’est donc dans un AirBnB sans électricité (en mode camping automnal) que nous avons passé notre semaine à Charlottetown, ma superviseure, une collègue au doctorat et moi, à apprendre comment implanter et gérer des forêts urbaines plus résilientes (où planter les arbres, quels arbres planter, comment les planter, comment verdir les stationnements, etc.). 

La solidarité entre tous était palpable. Que ce soit pour partager les prises électriques dans les lieux publics, alimenter les génératrices ou nettoyer les dégâts, on a pu voir une communauté tissé serrée et résiliente. Le CCFU a annulé toutes ses activités plus sociales et a organisé des activités utiles aux relevailles de Charlottetown, notamment une plantation d’arbres et une analyse de risque liés aux arbres. J’ai participé à cette dernière activité. Accompagnés par des arboristes certifiés, nous avons sillonnés en petits groupes différents secteurs pour les aider à mettre à jour l’inventaire des arbres de la ville. Nous devions d’ailleurs mentionner à quel niveau les arbres représentaient un risque pour la population ou les biens matériels afin d’orienter les équipes municipales dans leur priorité d’intervention. Ce fût une expérience très enrichissante et ça nous a fait vraiment fait chaud au cœur de pouvoir aider les citoyens comme on le pouvait ! À la fin de la semaine, les membres du programme Ufor ont même été invité à soumettre des idées à la ville de Charlottetown afin qu’elle puisse les considérer lors de la restauration/replantation de sa forêt urbaine. 

Enfin, l’expression « quand la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade ! » a pris tout son sens lors de cette expérience de formation !

Laura J. Raymond-Léonard a complété sa maîtrise et est présentement candidate au doctorat dans la laboratoire de TanyaHanda à l’UQAM. Ella a un intérêt pour l’écologie des communautés d’invertébrés.

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Post date: June 05, 2023

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