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Travel Stories: Quand les ratons laveurs sont exotiques

par Louis Lazure, étudiant en doctorat à l’Université Concordia

Dans le cadre de mon doctorat, j’étudie les ratons laveurs, renards roux et moufettes rayées. Ces espèces qui vivent dans nos cours arrières facilitent pour moi la conciliation étude-famille-travail car je n’ai pas besoin d’aller bien loin pour les observer! Par contre, mes modèles d’étude ne me font pas beaucoup voyager. De plus, la pandémie a saboté un plan de conférence internationale que j’avais en 2021!

Raton laveur capturé par un piège photographique.

C’est donc avec un énorme enthousiasme que j’ai participé à la conférence Wildlife Conservation and Research 2023, à Berlin du 9 au 11 septembre 2023. La conférence bisannuelle est organisée par le Leibniz Institute for Zoo and Wildlife Research, l’Association Européenne des Zoos et Aquariums et WWF Allemagne. Je peux vous dire que pour les gens qui ne les voient pas fréquemment dans leur cour arrière ou en camping, les ratons laveurs suscitent autant d’intérêt que les vautours, éléphants et petits pandas de ce monde!

La porte de Brandebourge, Berlin.
Le site de conférence.

J’ai eu la chance de faire deux présentations. La première intitulée The brain behind the mask: Problem-solving in wild raccoons, était dans un format moins formel que celui d’un séminaire typique. C’était une courte présentation dynamique, avec animateur et vote du public. Je ne m’en suis pas trop mal tiré et j’ai pu récolter quelques rires de l’audience! J’y présentais les résultats de mes expériences sur les habiletés de résolution de problèmes et d’apprentissage de ratons laveurs sauvages dans certains parcs nationaux du Québec. Je démontrais l’importance d’étudier la cognition animale en milieu naturel et d’utiliser différents tests pour avoir une image plus juste. Parmi mes résultats, il apparaît que les ratons laveurs utilisant une plus grande diversité de comportements ont de meilleures performances, indicateur d’une forme de flexibilité comportementale. De plus, les ratons laveurs vivant dans les aires de camping apprennent plus vite que ceux vivant dans les zones forestières, moins exposés aux humains.

La deuxième présentation était dans la session principale sur les interactions humains-faune, et était intitulée Managing conflicts with mammal mesopredators: What works, and the promise of cognitive studies. J’y présentais les résultats de ma méta-analyse sur la gestion des conflits avec les mésoprédateurs, c’est-à-dire des prédateurs de taille moyenne (1-15 kg) qui ne sont pas en haut de la chaîne alimentaire. Je démontrais que les méthodes létales s’avèrent être très étudiées et efficaces pour réduire les indicateurs de conflit mais que certaines méthodes non létales étaient également très prometteuses. Cette présentation m’a servi de plateforme pour appeler la communauté scientifique à se pencher sur certaines lacunes dans la recherche actuelle sur le sujet. Mon message principal était qu’il faut prendre en compte la cognition et le comportement animal dans la gestion des conflits avec la faune, pour améliorer des méthodes actuellement utilisées avec des résultats mitigés. Enfin, en faisant le lien avec mes études sur la cognition des ratons laveurs j’ai donné des exemples concrets de transfert de connaissances plus théoriques vers un application pratique dans la gestion des mésoprédateurs.

Lors d’une de mes présentations.

Au-delà des présentations, il y avait bien sûr les opportunités de réseauter, que ce soit entre les sessions, durant la soirée de présentation des affiches ou au Biergarten! Il était aussi amusant d’entendre les diverses anecdotes des Berlinois.es, où le raton laveur (espèce exotique) s’implante lentement mais sûrement, aidé par sa flexibilité comportementale et ses capacités d’innovation dont je traitais dans mes présentations!

Un énorme merci au CSBQ pour le support!

A propos de l’auteur :

Louis Lazure est doctorant à l’Université Concordia sous la supervision de Robert Weladji, où il se penche sur la cognition et la gestion des mammifères mésoprédateurs, comme le raton laveur. Son expertise combine l’écologie, la zoologie et le comportement animal, dans une optique de faciliter la coexistence des humains avec la faune. Il est également coordonnateur de la recherche au Zoo de Granby depuis 2013.

www.concordia.ca/gradstudies/professional-development/public-scholars/alumni/2021/louis-lazure.html

Post date: February 05, 2024

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