par Dominique Fauteux
Chaque étudiant espère présenter les résultats de sa recherche lors d’un congrès international qui est organisé à l’étranger, mais ceux spécifiques à nos domaines d’études sont parfois rares. Grâce au Prix d’Excellence CSBQ, j’ai eu la chance de participer au congrès Rodens et Spatium 2016 qui se tenait à Olomouc en République Tchèque. Qui aurait cru qu’un congrès basé uniquement sur les rongeurs pourrait regrouper autant d’experts à l’échelle internationale? Il ne suffit que d’y assister pour réaliser les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés et qui impliquent ces petits mammifères. Les maladies transmissibles entre rongeurs et humains (e.g., Tularemia, hantavirus Puumala, Peste), les dévastations et contaminations agricoles par les campagnols et souris, les espèces invasives et la conservation d’espèces menacées en situation de changements climatiques sont toutes des problématiques qui ont été mises en évidences lors du congrès qui se tenait dans la magnifique région de la Moravie.

Centre-ville d’Olomouc lors d’une visite guidée pour les membres du congrès (remarquez les colliers jaunes).
Le congrès se déroulait donc du 25 au 29 juillet 2016, période de grande chaleur et pendant laquelle beaucoup de nos collègues travaillent sur le terrain. Pour ma part, ce fut beaucoup de rencontres intéressantes avec des consœurs et confrères d’outre-mer avec qui je partage la même passion. En effet, le congrès a regroupé 128 chercheurs provenant de 33 pays différents et il y eu 94 présentations orales faites par les participants. Ce fut donc un excellent moment pour créer de précieux contacts pour d’éventuelles collaborations. De plus, plusieurs activités étaient également offertes aux participants dont une soirée conviviale lors de la première journée avec de la nourriture et de la bière locale (la première Pilsner a été brassée en République Tchèque) dont les habitants d’Olomouc sont très fiers. Le mercredi, soit au milieu de la conférence, nous avons eu droit à une journée touristique et nous avons pu visiter une fromagerie locale (le fromage local s’appelle le tvarůžky), le château Bouzov et la centrale hydro-électrique Dlouhé Stráně.
Pendant le congrès, il y eu quatre conférenciers invités dont Dr. Nancy Solomon (États-Unis, socialité chez les campagnols), Dr. Ottar Bjørnstad (États-Unis, synchronie spatiale dans les cycles de populations), Dr. Gerald Heckel (Allemagne, spéciation des campagnols) et Dr. Stuart Baird (République Tchèque, introgression chez les souris communes de l’Europe). Les sujets entrepris par chacun des chercheurs représentaient bien les différents sujets traités lors des sessions de présentations étudiantes. Alors que certains cherchent toujours de meilleurs moyens de trapper certaines espèces de rongeurs et de déterminer quelles sont celles présentes sur leurs sites d’étude, d’autres tentent plutôt de comprendre comment mieux gérer les populations de pestes agricoles et de vecteurs pathologiques avec de nouveaux produits chimiques ou de nouvelles approches écologiques.

Salle de conférence à l’Université Palacký d’Olomouc.
Pour ma part, j’ai eu la chance de présenter les résultats finaux de mon doctorat en ce qui concerne les effets létaux et non-létaux de la prédation sur les lemmings bruns de l’Île Bylot, Nunavut, Canada. Ce fut une occasion unique d’obtenir l’avis externe de collègues ayant une vision différente de l’écologie des petits rongeurs. Notre dispositif d’exclusion des prédateurs sur une superficie de 9 ha a impressionné certains chercheurs de par sa taille. Toutefois, un tel dispositif ne peut être fait en pleine forêt ou en milieu agricole de façon aussi «simple» en raison des difficultés logistiques et légales. Des chercheurs Italiens ont d’ailleurs montré un intérêt pour recréer ce genre de dispositif en forêt exploitée. D’autre part, nos résultats montrant que les lemmings étaient stressés par la prédation ont intéressé des chercheurs suédois, car ils désirent évaluer le stress des campagnols et la transmission de maladie. Selon eux, les cycles de populations sont positivement reliés aux éclosions de certaines pathologies chez les humains (e.g., Tulameria) car la transmission interindividuelle chez les vecteurs pourrait être facilitée par le stress induit par une augmentation de la densité. Enfin, l’intérêt suscité par notre projet a été tel que j’ai eu la chance de gagner le prix de la meilleure présentation orale, prouvant ainsi que nos travaux faits au sein du CSBQ sont de qualité internationale!

Photos prises à l’Île Bylot, Nunavut, Canada et présentées à Rodens et Spatium 2016. En haut : vue aérienne de l’enclos anti-prédateurs aviaires et terrestres. En bas à gauche : nids d’hiver de lemmings. En bas à droite : marquage de lemmings lors du trappage.
Pour terminer, j’aimerais remercier le CSBQ de m’avoir donné la chance de participer à ce congrès. Sans cette aide, je n’aurais pu y participer en raison des coûts élevés liés au transport. Ce fut l’occasion idéale pour entrer en contact direct avec les chercheurs ayant des projets de post-doctorat et ceux cherchant des collaborations pour de futurs projets.
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