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Montréal, Nabugabo, puis Rome

par Emmanuelle Chrétien

Il y a une dizaine de jours, j’ai déposé mon mémoire de maîtrise, point presque final de 2 ans de travail. J’en suis fière, je suis soulagée, je me sens libre, mais ça laisse aussi un grand vide. Qu’est-ce que je fais de mes journées maintenant? Bien sûr, je dois peaufiner mes articles pour les soumettre à des revues scientifiques, et je devrai éventuellement faire des corrections (pas trop j’espère!) sur mon mémoire pour le dépôt final, mais… le gros du travail est terminé. Quel meilleur moment pour enfin écrire un billet pour le Beagle!

Mon projet de maîtrise m’a menée de Montréal à l’Ouganda à l’été 2014, où j’ai mené des expériences sur la tolérance thermique de la perche du Nil Lates niloticus. J’ai mesuré les taux métaboliques et la température maximale critique de perches du Nil acclimatées à différents traitements thermiques dans le but d’évaluer leur capacité à s’ajuster au réchauffement des températures prévu avec les changements climatiques. Ces travaux ont été faits à une station de recherche près du lac Nabugabo, où j’ai capturé les poissons.

Lac Nabugabo au lever du soleil. Photo : E. Chrétien

Expérience de respirométrie en cours! Photo : E. Chrétien

Ça s’est bien déroulé mais ce n’était pas sans défi! Les pannes d’électricité étaient fréquentes, et puisque mon projet impliquait l’utilisation d’équipement électronique, j’ai dû m’armer de patience et m’ajuster. Mais ce fut somme toute une expérience extraordinaire, car j’ai rencontré à Nabugabo des gens généreux qui m’ont très bien accueillie et fait visiter leur magnifique coin de pays. Mon seul regret est de ne pas avoir prévu un projet qui m’aurait obligée à aller sur le terrain plus d’une fois!

Boire du vin d’ananas en compagnie des assistants de terrain Mutebe, Sseguya et Kiberu. Photo : Hillary Lee

Ma maîtrise m’a aussi menée à Rome! En janvier dernier se déroulait à Rome la première Global Conference on Inland Fisheries au siège de la FAO (Food and Agriculture Organization). Cette conférence a rassemblé des acteurs importants du milieu de la pêche continentale (d’eau douce) des quatre coins de la planète : scientifiques (biologistes, nutritionnistes, médecins), décideurs, sociologues, gestionnaires des pêcheries… et quelques étudiants! J’ai présenté mes résultats (préliminaires au moment de la conférence) sous forme d’affiche. J’ai eu la chance de discuter de mon projet avec d’autres scientifiques, et on m’a fait plusieurs suggestions pertinentes.

Et voilà! Résultats préliminaires de ma recherche présentés en janvier 2015 au siège de la FAO à Rome. Photo : E. Nyboer

Les présentations orales et les tables rondes étaient très intéressantes et réunissaient des gens de milieux variés. J’y ai appris énormément de choses! Par exemple, saviez-vous que la productivité de la pêche continentale est largement sous-estimée? Les captures issues de la pêche de subsistance ne font pas partie des données rapportées. Pour obtenir un estimé plus fiable des captures, on procède de plus en plus à des enquêtes de consommation au sein de communautés vivant de la pêche. Fallait y penser!

Terrasse de la cafétéria de la FAO avec vue sur Circus Maximus. Photo : E. Chrétien

Colisée de Rome. Bien sûr, on en a aussi profité pour visiter un peu… Photo : E. Chrétien

C’était un privilège de participer à cette première conférence sur les enjeux liés à la durabilité de la pêche continentale. Bien que la production de la pêche continentale ne représente qu’un peu plus de 10% du total mondial de la pêche de capture, ce type de pêche est essentiel à la sécurité alimentaire et à la nutrition dans certains pays en voie de développement. Par exemple, de nombreuses populations vivant près des grands lacs africains (Victoria, Tanganyika et Malawi) et des grands fleuves (Nil, Niger, Congo) dépendent principalement du poisson pour leur apport en protéines. Les ressources et les milieux aquatiques subissent des pressions dues, entre autres, à la surpêche, l’altération des habitats et aux changements climatiques qui ont des incidences sur la productivité de la pêche. Dans ce contexte, les recherches sur la résilience des espèces face aux stress environnementaux sont extrêmement importantes.

Ces deux années à la maîtrise ont été très enrichissantes pour moi, et le CSBQ y est pour beaucoup. Grâce au Prix d’Excellence, j’ai pu me rendre à Rome. Et grâce aux colloques annuels et aux différents ateliers organisés par le CSBQ, j’ai eu la chance de côtoyer des chercheurs et étudiants passionnés. Ces rencontres m’ont donnée le goût de poursuivre l’aventure des études supérieures. Je débuterai un doctorat en janvier. À suivre!

Référence :

FAO. 2014. La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture. Rome. 255 pages.

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Post date: August 25, 2015

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