par Limoilou-Amélie Renaud

Syndrôme de la page blanche, procrastination,
horaire surchargé, enseignement, conférences, conciliation
travail-famille, etc. Les étudiants aux cycles supérieurs ont
toutes les bonnes raisons de repousser le moment de rédiger et
pourtant… L’objectif ultime de la maîtrise ou du doctorat,
toutes disciplines confondues, reste la rédaction d’un mémoire ou
d’une thèse ! J’essaierai dans ce billet de vous inciter à
expérimenter une retraite de rédaction Thèsez-vous?
Ne serait-ce que pour vous sortir du
quotidien !

Les retraites Thèsez-vous?
sont une initiative de deux
étudiantes
au doctorat ainsi que de deux entrepreneurs sociaux. L’équipe a
décidé de faire de la rédaction
une activité de groupe lors d’une première retraite en 2015. De
ce succès est né Blitz
Paradisio, un organisme
à but non lucratif dédié à
l’organisation d’activités de rédaction pour les étudiants aux
cycles supérieurs. Outre les retraites, l’organisme est impliqué
dans plusieurs projets, dont le design d’un local entièrement
dédié à la rédaction à Montréal, où des étudiants de toutes
disciplines peuvent se rassembler pour rédiger sur une base
quotidienne. Confort, ergonomie, aménagement… tout a été pensé
pour et par les étudiants !

L’idée d’une retraite peut sembler saugrenue
pour plusieurs, car oui, la rédaction est avant tout un processus
intellectuel assez solitaire. Mais que vous soyez à l’étape de
débuter votre proposé de recherche, d’entamer une section
spécifique d’un article, d’intégrer des commentaires et des
révisions, ou de peaufiner la conclusion générale de votre thèse
ou mémoire, viendra peut-être (sûrement) un moment où vous vous
peinerez à trouver un « trou » dans votre horaire pour
vous atteler à la tâche.

Les retraites Thèsez-vous?
facilitent énormément l’atteinte du
« simple » objectif de rédiger car elles vous forcent à
bloquer plusieurs plages horaires entièrement consacrées à la
rédaction, tout en réunissant les conditions favorables tels
qu’endroits tranquilles, nature à proximité et absence de
compétition. Les retraites ont lieu à raison d’une fois par mois,
excluant l’été, aux endroits définis par des ententes de
collaboration. Par exemple, le Manoir D’Youville, à Châteauguay,
est l’endroit privilégié pour de nombreuses retraites. On y
retrouve un silence quasi-monastique, une salle de rédaction
lumineuse, et des chambres très propres. Pendant 3 jours, donc, vous
êtes loin de chez vous et n’avez qu’une préoccupation :
rédiger. Thèsez-vous? s’occupe
du reste! Oui oui ! On vous prépare les repas ! La nourriture y est
généreuse et de qualité. Sans oublier le site naturel qui entoure
le Manoir! De façon générale, un total de 20 heures de rédaction
est prévu à l’horaire, par périodes entrecoupées de pauses et
d’activités pour se changer les idées. En bonus, des ateliers
d’aide à la rédaction sont aussi inclus à l’horaire. Les
activités sont toutes facultatives, bien qu’on nous encourage
vivement à prendre des pauses pour être plus productifs par la
suite ! En bref, rien à faire sauf « thèser »
! Mais attention, ce séjour n’est pas de tout repos ! Notre
intellect est mis à rude épreuve devant l’intensité de
l’activité !

Participants
d’une retraite Thèsez-vous? attablés dans une des salles
principales de rédaction. Auberge
des Balcons, Baie-Saint-Paul, Charlevoix, Avril 2018.

Certains participants rencontrés en sont à leur
deuxième, troisième, voire sixième retraite. Ces retraites leur
donnent l’élan nécessaire pour initier un chapitre, un article,
etc. et une fois de retour à la maison ou au bureau, le reste
s’enchaîne naturellement. Souvent, le plus difficile est de s’y
mettre. D’autres m’ont même confié qu’en trois jours de
retraite, la productivité était équivalente à celle de deux
semaines de travail « régulières ». Néanmoins, l’étape
la plus importante pour garantir le succès d’un tel
séjour
, à mon avis,

reste la préparation pré-retraite. Les gens inscrits
reçoivent, quelques jours avant le départ, un courriel de rappel et
de directives (comment s’y rendre, quoi apporter, l’horaire
préliminaire). On reçoit aussi un guide de préparation, qui
consiste à mettre sur papier (ou sur tablette, cellulaire) nos
objectifs de rédaction. Le site de Thèsez-vous?
recèle aussi d’informations et de
références sur la définition d’objectifs de rédaction, pour
ceux qui ne seraient pas familiers avec cette pratique de travail.
Ces objectifs sont essentiels car une fois les séances de rédaction
entamées, ce n’est plus le temps de planifier. On entend plutôt
les doigts pianoter sur les claviers, les crayons qui rayent les
objectifs terminés, les post-it
qui s’arrachent…bref ça travaille !

Pour conclure, la rédaction doit-elle
nécessairement être vécue de façon isolée et difficile ?
Absolument pas ! Et si, comme moi, vous êtes passés maître dans
l’art de vous organiser, de planifier vos priorités de la semaine,
d’éplucher les livres du type
« how-to-write-a-paper-in-twelve-weeks », mais que dans
les faits, rien n’avance assez vite, c’est que vous
PRO-CRAS-TI-NEZ. Subtilement, mais sûrement ! Raison de plus pour
vous inscrire à une retraite !

Pour plus d’info voir le site
http://www.thesez-vous.com.

Bonne retraite !

P.S. À noter qu’une retraite coûte environ 250$ en chambre partagée mais plusieurs
universités offrent maintenant des bourses qui remboursent en
totalité ou en partie ces frais – raison de plus d’en profiter!

Limoilou-Amélie Renaud est présentement
étudiante au doctorat en biologie dans les laboratoires de Fanie
Pelletier et Marco Festa-Bianchet, à l’Université de Sherbrooke.
À travers son parcours, Limoilou a eu la chance de participer à
plusieurs projets de recherche tant en mer que sur terre, notamment
grâce à son travail sur le mouflon d’Amérique. Ses intérêts
actuels portent sur l’ajustement des espèces aux changements
climatiques. Dans son doctorat, Limoilou approfondit ses
connaissances de l’écologie évolutive des grands mammifères, en
combinant le comportement, l’écophysiologie et les traits
d’histoire de vie.