Par Justine Le Vaillant, post-doctorante à l’Université de Sherbrooke

Du 11 au 14 Juin 2023 avait lieu la rencontre annuelle conjointe de la « Société Canadienne d’Écologie et d’Évolution (SCEE) » et de « l’Association Botanique du Canada (ABC) » à Winnipeg, dans le Manitoba Canada. C’était l’occasion de rencontrer des chercheurs internationaux travaillant en écologie et évolution sur l’ensemble du Canada et Amérique du Nord en général. Les projets présentés en conférence ou lors des sessions de posters étaient divers, sur des sujets théoriques ou appliqués en biologie évolutive, écologie comportementale, mais aussi en écologie urbaine et gestion des habitats naturels. Les différentes échelles de l’écologie étaient représentées avec des études de suivis individuels, populations ou communautés d’espèces animales ou végétales, mais aussi des écosystèmes forestiers ou urbains. Grâce à la présence de l’Association Botanique du Canada (ABC), une partie des professionnels présents n’était pas seulement issue de la recherche académique universitaire mais aussi de compagnie privée ou gouvernementale. 

La réception du Prix d’Excellence du CSBQ m’a offert un soutien financier pour couvrir les frais d’inscription et de transport, me permettant ainsi de participer à cette conférence. J’ai pu assister à des conférences et des discussions enrichissantes dans mon domaine de recherche mais aussi prendre connaissance des recherches actuelles sur d’autres sujets et disciplines scientifiques. Les soirées de réseautage et sorties sur le terrain organisées au cours de la conférence m’ont permis de rencontrer des étudiants et chercheurs d’autres Universités et secteurs de recherche. J’ai surtout eu l’occasion d’y présenter mes travaux de recherche effectués sous la direction de Fanie Pelletier à l’Université de Sherbrooke. Ce congrès a été une opportunité de diffuser mes travaux de recherche avant qu’ils soient soumis à un journal scientifique afin de discuter plus en détails de mes dernières analyses et de la suite de mes recherches.

^{©Justine Le Vaillant – Photos prises durant la sortie de terrain du Manitoba Tall Grass Prairie Preserve, Nature Conservancy Canada}.

Mon travail postdoctoral traite de la démographie d’une population d’hirondelle bicolore, Tachycineta bicolor, nichant dans un réseau de fermes agricoles au sud-est du Québec. En effet, les populations d’oiseaux insectivores associées au milieu agricole sont en forte baisse depuis plusieurs années en Amérique du Nord. Particulièrement sensibles aux modifications du milieu dû au réchauffement climatique et à l’intensification agricole sur leur site de nidification, les populations d’hirondelle bicolore, Tachycineta bicolor, représentent bien ces déclins. En affectant, la reproduction des adultes et la survie des nichées, les conditions climatiques et celles liées aux pratiques agricoles impactent le taux de croissance des populations aviaires. Mes recherches postdoctorales ont permis de quantifier les paramètres démographiques clefs dans la survie de la population comme étant l’immigration et le taux de retour des adultes dans la population reproductrice. Or la disponibilité des sites de reproduction en lien avec la compétition interspécifique avec les moineaux domestiques affecte le succès de reproduction des hirondelles et menace la viabilité des populations nichant près des fermes agricoles. Nous n’avons en revanche, pas ou peu d’informations sur l’impact des conditions environnementales des sites d’hivernage et durant la migration sur la survie et la reproduction des populations d’hirondelles bicolores. Le prochain challenge pour l’étude de la dynamique des populations des oiseaux migrateurs sera d’inclure les conditions environnementales globales dans les modèles de démographiques.

A propos de l’auteure : « Après mes études universitaires en France, j’ai effectué ma thèse doctorale en écologie évolutive en Espagne sur l’évolution de la plasticité phénotypique de la date de ponte chez le gobemouche noir. J’ai une formation académique en écologie comportementale et biologie évolutive mais mon post-doctorat à l’Université de Sherbrooke m’a permis aussi de développer mes connaissances en dynamique des populations. J’ai une spécialisation en ornithologie et mes intérêts de recherches portent sur l’impact des changements climatiques et de la modification du milieu sur la survie et la reproduction des espèces d’oiseaux. »