par Simon Demers
Au Chili, il est possible de retrouver près de la moitié des cétacés présents dans le monde entier. En effet, un peu plus de 40 espèces de cétacés convoitent les nombreux fjords et détroits de ce pays (1). La région de Magallanes situé au Sud du Chili est connue pour sa biodiversité marine exceptionnelle et ses paysages naturels uniques. Cette portion du Chili connaît un accroissement important pour le tourisme d’aventure, c’est-à-dire l’ensemble des activités en plein air dont l’observation de cétacés à l’aide d’embarcations nautiques (2). Dans son ensemble, le transport maritime très important et l’augmentation d’activités anthropiques risquent d’engendrer des perturbations sur la distribution et le comportement des cétacés (3). En considérant le peu de connaissance scientifique et l’accroissement économique de la région durant les deux dernières décennies, l’analyse de l’évolution et la distribution spatio-temporelle des groupes de mammifères marins permet d’assurer la conservation de la biodiversité marine en Patagonie.

Carte de localisation
Le détroit de Magellan est un secteur très convoité par les différents types d’embarcation nautiques. Aux amateurs de voiles extrêmes jusqu’au transport de marchandises, ce sont entre 1001 et 40 000 navires qui ont traversés le détroit de Magellan entre novembre 2017 et novembre 2018. Malheureusement, il existe actuellement aucune base de données spatiale qui met en évidence la distribution des cétacés de cette région. La quantité très restreinte de donnée géoréférencée ne facilite pas le suivi des populations dans la protection et la conservation de leur écosystème. La création et l’utilisation d’une base de données regroupant l’ensemble des observations effectuées en Patagonie permettra aux scientifiques d’en apprendre davantage sur la distribution et l’abondance des mammifères marins.

Distribution du dauphin de Peale dans le détroit de Magellan
Un outil efficace?
Afin de pallier au manque de données et aux lacunes de certaines approches de collecte de données, notre équipe de recherche a décidé d’introduire l’utilisation d’un drone dans le suivi de population du dauphin de Peale. Majoritairement, l’utilisation du drone s’effectue dans le détroit de Magellan, plus précisément entre la ville de Punta Arenas et Agua Fresca, voir la figure ci-dessous. En unissant les données déjà existantes à celle que nous cumuleront entre 2018 et 2020, il sera possible de dresser un portrait de l’évolution spatio-temporelle du dauphin de Peale dans le détroit de Magellan.

Carte de localisation du site d’étude
L’utilisation d’un drone permet d’effectuer une collecte de données non-invasive. Les activités anthropiques telles que la pêche commerciale, le transport de marchandises et l’observation touristique, influencent la qualité des habitats des cétacés (4). Le choix d’une approche non-invasive permet d’atténuer les répercussions néfastes sur l’écosystème et de maximiser l’observation d’un comportement naturel de l’espèce étudiée. En effet, l’utilisation d’une embarcation dans le suivi de cétacés engendre des répercussions à long terme et à court terme sur le comportement des cétacés (5).
Dans le cadre de mon projet de maîtrise, l’utilisation du drone permet le développement des connaissances de ce nouvel outil à la fine pointe de la technologie. Il existe peu de littératures portant sur les avantages et désavantages de l’utilisation d’un drone dans le suivi de mammifères marins, spécialement sur les petits cétacés. Les limites du modèle utilisé face aux conditions météorologiques, l’efficacité par rapport aux méthodes traditionnelles et la qualité des données recueillies seront abordées suite à la réalisation de mes sorties de terrains.

Dauphins + drone

Simon Demers a commencé son parcours académique par la réalisation d’une technique en protection de l’environnement offert par le cégep de Saint-Félicien. Il a ensuite complété un baccalauréat en géographie environnementale à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Actuellement candidat à la maîtrise en géographie à l’Université de Montréal sous la supervision de Liliana Perez, ses nombreux stages dans le domaine de l’environnement en Amérique du Sud lui procurent une ouverture d’esprit et une curiosité qui lui a permis de développer son intérêt pour la recherche.
Référence
- Daneri, G., Dellarossa, V., Quiñones, R., Jacob, B., Montero, P., & Ulloa, O. (2000). Primary production and community respiration in the Humboldt Current System off Chile and associated oceanic areas. Marine Ecology Progress Series.
- SERNATUR. (2014-2018). Plan de Acción de la región Magallanes y la Antartica Chilena. Servicio Nacional de Turismo-Chile. Récupéré sur https://www.sernatur.cl/wp-content/uploads/2018/10/Plan-de-Accio%CC%81n-Magallanes.pdf
- Christiansen, F., & Lusseau, D. (2012). Understanding the ecological effects of whale-watching on cetaceans. Dans F. Christiansen, & D. Lusseau, Cambridge University Press.
- Ménard, N., Conversano, M., & Turgeon, S. (2018). La protection des habitats de la population de bélugas (Delphinapterus leucas) du Saint-Laurent : bilan et considérations sur les besoins de conservation. Le Naturaliste canadien.
- Argüelles, M., Coscarella, M., Fazio, A., & Bertellotti, M. (2016). Impact of whale-watching on the short-term behavior of Southern right whales (Eubalaena australis) in Patagonia, Argentina. Tourism Management Perspectives.
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