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Anecdote de terrain : Ma rencontre avec les Guacharos

Cette histoire est une des gagnantes pour notre concours d’anecdote de terrain de 2017.

par Léa Blondel

Selon mon opinion, peu d’oiseaux sont aussi fascinants
que les Guacharos des cavernes (Steatornis caripensis). Ces volatils semblent
tout droit sortis d’un univers fantastique tant ils ne correspondent pas avec
l’idée traditionnelle que l’on se fait d’un oiseau. Ils vivent la nuit (comme
les chouettes!), ils se nourrissent de fruits (comme les perroquets!), mais
surtout ils utilisent l’écholocation pour se déplacer (comme les chauves-souris!)
et vivent dans des grottes (comme… des ours?). Ces caractéristiques en font des
animaux uniques au monde, puisqu’ils sont aussi la seule espèce parmi leur
famille. J’ai eu la chance de voir des Guacharos pour la première fois cette
année et la rencontre a été mémorable.

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Le Guacharo des cavernes.

À
l’hiver dernier, je me suis envolée pour rejoindre l’île de Trinité dans les Caraïbes
pour y récolter des plumes de Guacharos et réaliser ainsi une étude de
génétique des populations. J’ai eu la chance d’être aidée par Mike Rutherford, conservateur
du Musée de zoologie de l’université des West Indies, qui connaît bien les
différentes colonies de Guacharos. Nous avons donc embarqué dans le gros pickup
de l’université, en direction des petites routes de terres qui sillonnent dans
les montagnes, accompagnés de Jarome, un autre étudiant. L’autoroute asphaltée
se transforme rapidement en route de campagne, puis le chemin n’est plus
constitué que de terre et de roches. Après environ 30 minutes à rouler sur
cette petite route, nous approchons du but, quand soudain, un grand CRACK se
fait entendre : nous avons un pneu crevé!

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La catastrophe.

Nous sommes donc au milieu de nulle part, évidemment
sans réception cellulaire et nous avons roulé sur un énorme caillou tranchant.
Après quelques minutes d’effarement devant la largeur du trou dans le pneu,
Mike sort la roue de secours, nous aidons à changer le pneu, et nous voilà
repartis en croisant les doigts de ne pas subir la même chose sur le chemin du
retour.

Le chemin devient impraticable et nous laissons la
voiture sur le côté, avant de se préparer pour une heure de randonnée dans la
forêt tropicale. Nous croisons sur la route un fer-de-lance, un serpent
hautement venimeux de la famille des vipères, des fourmis légionnaires, plutôt
agressives avec quiconque croise leur chemin, et toutes sortes de papillons aux
couleurs éclatantes, eux beaucoup plus inoffensifs pour l’homme.

 Nous arrivons aux abords de la grotte et l’on entend
déjà le cri des oiseaux de l’extérieur. On les désigne également par le nom
« diablotin », et l’on comprend bien pourquoi lorsqu’on entend les
sons émis par ces oiseaux. Imaginez-vous : plongé dans l’obscurité total
d’une grotte, vous entendez voler au-dessus de votre tête des dizaines
d’oiseaux poussant des cris similaires à des hurlements humains. Vous allumez
votre lampe frontale, et voici la première image que vous voyez. C’est ma
rencontre avec le Guacharo.

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Des yeux qui apparaissent rouges à la lumière de la
lampe frontale.


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Léa Blondel est étudiante en doctorat à l’université McGill, sous la supervision de Andrew Hendry et de Marilyn
Scott. Elle étudie les facteurs influençant les flux de gènes dans les
populations sauvages de guppies à Trinidad. Sur le terrain, elle aime
photographier tout ce qui bouge, sauf quand ce-qui-bouge est sur le point de
lui sauter dessus.

Post date: January 20, 2018

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