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Reproduction chez les poissons: Entre clonage et reproduction sexuée

Par Joëlle Lafond, étudiante au doctorat à l’Université de Montréal

Résultat de la collaboration entre trois grands groupes scientifiques (Society for the Study of Evolution, American Society of Naturalists, et the Society for the Study of Evolution), Evolution 2023 a vu passer plus de 1300 chercheuses et chercheurs en cette dernière édition! Superbe occasion de réseautage, cette conférence aborde des sujets extrêmement variables, puisque l’évolution prend place à de nombreux niveaux chez les organismes. 

Ayant eu lieu du 21 au 25 Juin 2023, à Albuquerque, Nouveau-Mexique (USA), cette conférence m’a permis de faire la rencontre en personne de plusieurs chercheurs et chercheuses dans mon milieu d’étude. Aidée par la bourse d’Excellence du CSBQ, qui soutient la participation à de tels évènements, j’ai pu y présenter les résultats des deuxième et troisième chapitres de ma thèse. 

Mon projet de doctorat porte sur un élément de biodiversité très particulier du territoire canadien: des vertébrés ayant la capacité de se reproduire de façon très surprenante! Il s’agit en effet d’un complexe de poissons, le méné ventre rouge (Chrosomus eos) et le méné ventre citron (C. neogaeus), qui ensemble peuvent produire des hybrides viables et fertiles, dont le sexe est presque toujours femelle. Chez ces dernières, plusieurs façons de se reproduire sont possibles, incluant même la production de clones! On y retrouve des hybrides diploïdes, possédant deux ensembles de chromosomes tel l’humain, mais aussi des triploïdes qui possèdent un ensemble de chromosomes supplémentaire. Cependant, les mécanismes expliquant l’existence de ces divers types de poissons sont encore incompris, de même que les modes de reproduction que ces hybrides emploient. Ce projet de recherche avait donc pour but de mieux comprendre la formation et la dynamique de tels systèmes, et ce, dans l’objectif plus large de mieux comprendre la reproduction animale et les mécanismes pouvant la modifier. 

Ce projet a permis de découvrir une nouvelle façon de se reproduire chez les vertébrés, permettant une reproduction semi-clonale chez les triploïdes. Cette nouvelle reproduction s’ajoute ainsi à la reproduction sexuée déjà connue chez ces hybrides. De même, cette dichotomie entre les triploïdes, se reproduisant donc soit de façon sexuée, soit de façon asexuée, a été corrélée à un effet maternel où la ploïdie de la mère (diploïde ou triploïde) dicte le mode de reproduction de sa progéniture. 

Comprendre les processus atypiques peut ainsi nous servir à mieux comprendre les processus typiques, et ce, via l’étude de leurs exceptions. De même, comme la reproduction est la base de la prolifération des espèces, mieux la comprendre permettra une meilleure prise en charge des espèces, qu’elles soient invasives ou en danger d’extinction.

A propos de l’auteure : Joëlle Lafond est une étudiante en fin de doctorat dans le laboratoire de Bernard Angers, à l’Université de Montréal. « J’étudie les processus de reproduction atypiques que l’on retrouve en milieu naturel. Je m’intéresse plus particulièrement à deux espèces de ménés du genre Chrosomus, retrouvés un peu partout en Amérique du Nord, qui ont l’incroyable capacité de se cloner! »

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Post date: April 18, 2024

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