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Comment aborder d’autres chercheurs dans un congrès (ou oser croire que tous les scientifiques sont aussi des humains)

par Laura Chouinard-Thuly

Dans un billet récent, Elizabeth
Lawrence nous a partagé ses trucs de voyage lorsqu’elle se trouve en conférence.
J’aimerais ici revenir sur un de ses points : aller parler aux gens
dans les congrès.

Je suis certaine de ne pas être la seule à
trouver cette partie particulièrement difficile et angoissante! Peu
importe si c’est un congrès local comme le symposium CSBQ où ça
devrait être facile d’interagir avec mes collègues, ou encore un
immense congrès, mon cerveau trouve toutes les raisons de rester
dans mon coin! Je vous partage donc quelques-uns de mes trucs pour
contrer ma gêne
certaines situations bien réelles …

Dans la situation où….

1. J’me souviens plus très bien de sa
présentation, en fait, est-ce que j’ai vu sa présentation? Je ne
sais pas trop quoi lui dire…je veux surtout pas me tromper et dire
des niaiseries. Ah, tant pis…une prochaine fois!

C’est vrai que trouver comment aborder
quelqu’un qu’on ne connaît pas est plutôt difficile. Je n’ai pas
énormément de mémoire, et j’ai tendance à oublier les sujets des
présentations que j’ai vu il
y a deux minutes
la
veille. C’est sûr que prendre des bonnes notes pendant les
présentations qui nous intéressent ça aide à s’en rappeler et à
pouvoir dire quelque chose de constructif. C’est aussi utile de
préparer à l’avance quelques questions… mais pas de stress! ce
n’est pas nécessaire qu’elles soient dignes d’un comité
d’évaluation de thèse! Voici
quelques-unes de mes formules préfabriquées pour établir contact :

  • Commencer par un compliment ! 

TOUT LE
MONDE – oui oui, toi aussi pis moi aussi! – est super content quand
quelqu’un nous dit que notre travail les intéresse! C’est comme la
récompense – oh combien rare – de tout le travail acharné qu’on
fait.

Exemple d’introduction: « J’ai vu ta présentation,
c’était super inspirant. Je travaille sur [insertion de ton sujet
d’étude], donc c’est super de voir ce que tu fais.» Évidemment,
pour créer une discussion, il faut pousser un peu plus loin: a) « Fais-tu encore ça?» b) « As-tu continué le projet?»
c) « As-tu d’autres résultats?». Une autre idée peut être
de directement annoncer que le but de la discussion est d’avoir leur
opinion… par exemple: « Je fais présentement cette
expérience sur [insertion de ta dernière expérience méga
chouette ], j’aimerais avoir ton avis sur les [méthodes,
analyses…].»

PS.: Si pour certaines personnes ce
n’était pas encore évident, les compliments qui ne
réfèrent pas
au travail professionnel de l’interlocuteur, C’EST NON! 

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  • Parler de leur spécimen d’étude !

Je
connais peu de gens qui n’aiment pas jaser de leur système préféré.
Bon, je l’accorde, j’ai essayé ça avec une physicienne qui mesure
les supraconducteurs en informatique quantique et qui m’a parlé de
ses ordinateurs : c’était moyen réussi … je conseille donc
particulièrement d’essayer ce truc avec les gens qui étudient des
organismes adorables ou quelque chose que tu connais.

  • Parler du congrès !

C’est super facile
comme sujet. Selon le cas: a) « Salut,
c’est ma première fois à ce congrès, c’est vraiment bien! Es-tu
déjà venu?» B) « Est-ce que c’est ta première fois dans
ce congrès, il me semble qu’on ne s’est pas croisé l’année
passée!?»

2. Ah! Il/elle est occupée, je vais
revenir plus tard!…
[plus
tard] Ah ben tiens! Encore
occupée, tant pis!
 

Vas-y quand même! Au pire, tu rencontres
plus de gens. Dans ces cas-là, demander de quelles institutions ils
viennent ou bien quel est leur sujet d’étude est une bonne
ouverture. Par exemple: « Êtes-vous tous du même
laboratoire/université?».  J’admets que c’est super malaisant
d’interrompre une conversation, donc moi j’aime bien déclarer mon
interruption avec quelque chose comme:  a) « Bonjour, est-ce que je
peux m’immiscer dans votre conversation, j’ai vu la présentation de
[X] et j’ai vraiment trouvé ça intéressant!» b) « Bonjour,
vous permettez que je me joigne à vous?»

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3.

Bon, la personne qui présente ce
poster est déjà en conversation… je reviendrai
jamais
plus tard .

Dans les sessions de posters, on a tous
déjà vécu ça : vouloir parler à la personne qui présente
mais il y a déjà quelqu’un, et leur conversation a l’air bien
engagée… Dans ce cas, je pense qu’il n’y a pas de mal à tout
simplement s’intégrer dans la conversation, par exemple en reprenant
un propos de la personne qui présente pour avoir plus de détails.
Un simple, « Scuse, peux-tu réexpliquer ce que tu viens de dire à
propos de X’ est tout à fait approprié!»

4. Cette personne est impossible à
trouver dans le congrès, ou bien est toujours entourée d’un harem!
Ou le classique:
C’est un/une prof super bien connu/e, c’est sûr que je les
intéresse pas/ils ont pas le temps/j’ai peur!

Des fois aussi c’est vraiment juste trop
angoissant d’aborder certaines personnes spontanément… Depuis que
j’ai assisté au congrès SICB (Society
for Integrative and Comparative Biology)
en
2017, j’ai pris l’habitude de contacter par courriel ou bien à
travers les applications des congrès les gens que je veux
rencontrer. Ça me permet d’être certaine de les croiser et qu’ils
aient un gros trois
minutes
du temps pour
moi. Ça me permet aussi de préparer ce que je veux leur dire, et de
penser à pourquoi je veux les rencontrer. Et c’est tout à fait
approprié d’arriver avec des notes.

BONUS!!!!

Est-ce qu’on peut essayer
quelque chose? Quand on voit une personne seule au
dîner/souper/pause-café, d’aller lui parler? Je pense que c’est
important de se souvenir que la majorité du temps, nos gênes et
malaises sont partagés et qu’un simple salut peut mener à des
super rencontres! Pour comment faire, je vous réfère au point 1 (puce 3).
Ensemble on peut contribuer à créer (petit à petit) une
communauté plus accueillante et il ne faut pas oublier qu’on est
nous-mêmes ‘l’autre intimidant’ de quelqu’un. Par le fait même,
garder son badge du congrès le soir pour aller souper ou prendre
une bière ça a l’air niaiseux, mais ça peut permettre de faire
des contacts inattendus et d’avoir des nouveaux amis pour souper!

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En finissant, je veux simplement rappeler
que la majorité des gens aime rencontrer de nouveaux collègues, et
que des collaborations ou projets d’avenir peuvent émerger de ces
conversations. Il faut donc oser aborder des gens; le networking
c’est super important, même en science! Si je me fie à mes propres
réactions, je suis toujours contente que quelqu’un vienne me parler,
et j’ai tendance à oublier la façon dont les gens m’abordent…
tant que la conversation qui suit est enrichissante! Je
me convaincs
J’ose croire
que c’est la même chose pour le reste des gens. Au pire il n’en
ressortira rien, au mieux j’aurai une nouvelle collaboration!


Laura Chouinard-Thuly est étudiante au doctorat en biologie à
l’université McGill, sous la supervision de Simon Reader. Elle étudie
les effects des conditions environnementales sur les comportements
sociaux et anti-prédateurs des poissons, et se spécialise dans la
recherche sur l’échange d’information entre les individus.

Post date: April 26, 2018

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