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Mon été avec les poissons

Par Émilie Lebel

Cet été, grâce à l’obtention d’un prix d’excellence du CSBQ, j’ai eu la chance de participer à un cours intensif portant sur la morphologie fonctionnelle et l’écologie des poissons, offert par l’Université de Washington. Ce cours était sous la supervision du Dr. Adam Summers, un spécialiste de la biomécanique, qui nous a transmis sa passion pour les sciences durant cinq semaines. L’expérience a été d’autant plus fabuleuse puisque la formation avait lieu sur l’île San Juan, dans la magnifique ville de Friday Harbor, dans l’état de Washington. J’ai donc pu profiter des paysages magnifiques et de l’air chaud de l’océan Pacifique, tout en alimentant ma passion pour les poissons.Vue sur les laboratoires de Friday Harbor et sur le quai

J’ai eu la chance de travailler dans des laboratoires hautement spécialisés et équipés en appareils de tout genre. J’ai pu manipuler plusieurs de ces instruments, dont le microscope électronique, l’imprimante 3D, les caméras à haute vitesse et le découpeur laser. Ces différents appareils étaient ensuite mis à notre disposition dans le but de monter un projet individuel en lien avec la biomécanique des poissons. Avant de pouvoir débuter ces expérimentations, il nous a tout d’abord fallu récolter les spécimens sur lesquels nous allions travailler. Il fut donc particulièrement agréable de pouvoir capturer nous-mêmes les spécimens que nous allions étudier. En effet, les laboratoires sont munis d’installations permettant de maintenir les poissons en vie dans des réservoirs directement alimentés par l’eau de l’océan Pacifique, qui est sans cesse renouvelée. Nous avons donc capturé une bonne diversité de poissons du Pacifique (autour de 60 espèces) par l’entremise de techniques telles le chalutage, la pêche à la senne et l’exploration de marelles.

Lors du triage des espèces capturées par chalutage

Parmi la multitude de poissons capturés, mon attention s’est surtout portée sur les aiguillats communs récoltés lors du chalutage. Ayant déjà la chance de travailler avec un stock d’aiguillats noirs morts dans le cadre de ma maîtrise, j’étais très enthousiasme à l’idée de pouvoir travailler sur une autre espèce de requin, mais cette fois-ci avec des individus maintenus en vie. Quoi de mieux que de saisir cette opportunité afin d’étudier le mécanisme qui maintient ces spécimens en vie: la ventilation! J’ai donc entrepris de comparer le débit de l’eau sortant des cinq différentes fentes branchiales de l’aiguillat commun. En effet, il avait été mentionné dans la littérature que la cinquième fente branchiale semblait sous-utilisée, dans un contexte de respiration normale, chez certaines espèces de requin. Celle-ci serait alors plutôt utile lors de leur alimentation. Dans ce contexte, j’ai utilisé une technique appelée vélocimétrie par image de particules (PIV) dans le but de comparer la vitesse d’éjection de l’eau entre les cinq fentes branchiales de l’aiguillat commun. Cette technique consiste en fait à incorporer une quantité assez importante de particules (des oeufs d’artemia) à l’eau dans le but de pouvoir former une feuille lumineuse à l’aide d’un laser pour ensuite filmer le déplacement de ces particules au niveau des branchies du requin. Il est ensuite possible d’utiliser un programme spécial permettant de déterminer la vitesse à laquelle les particules se déplacent. Ces expérimentations ont pour la plupart été réalisée de nuit, seul moment de la journée où il est possible d’utiliser un pointeur laser! De plus, dans le but de visualiser le débit d’eau sortant des fentes branchiales, des vidéos à haute vitesse ont été enregistrées tout en administrant du colorant alimentaire au niveau du spiracle des requins. L’effet n’en a été que plus spectaculaire! Ces expérimentations ont somme toute permis de confirmer la sous-utilisation de la cinquième branchie chez l’aiguillat commun, et de laisser place à une interrogation par rapport à la quatrième branchie, qui semblait elle aussi moins efficace par rapport aux trois autres. 

Mon sujet coup de coeur de cet été: l'aiguillat commun

Somme toute, cette expérience a été des plus enrichissantes. Elle m’aura permis de perfectionner mon anglais et d’acquérir une confiance grandissante dans un milieu que j’adore. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des personnes merveilleuses qui partagent la même passion que moi et d’agrandir mon réseau de contacts. J’ai pu y découvrir les îles San Juan, un endroit magnifique, où science et nature se rencontrent. 

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Post date: September 10, 2014

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