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Un Halloween avec les vampires du Belize

par Virginie Lemieux-Labonté

De leurs régimes alimentaires variés à leur incroyable aptitude à voler et à écholocaliser, les chauves-souris ont plus d’une adaptation pour piquer notre curiosité. Souvent stigmatisés, ces animaux gagnent à être étudiés afin de comprendre les aléas de leur évolution et les enjeux de leur conservation. 

Grâce au prix d’excellence du CSBQ, j’ai eu la chance de participer à une formation de capture et d’inventaire acoustique des chauves-souris au Belize se déroulant du 29 octobre au 3 novembre 2018. J’ai pu ainsi découvrir auprès d’experts des techniques pour étudier les chauves-souris. 

Tout d’abord, quelques mots sur le Belize ! J’ai particulièrement apprécié l’initiative des instructeurs qui ont de prime à bord souhaité nous informer sur le pays, la culture et ils nous ont même amené visiter des ruines Aztèques. J’ai aussi adoré la station de recherche Toucan Ridge Ecology and Education Society (T.R.E.E.S.) du groupe Ecorana environnemental où se déroulait la formation. Cette station créée et gérée par deux biologistes canadiens accueille des initiatives de recherches et d’éducation de partout dans le monde. Le territoire, en plus d’être d’une grande beauté, offre un terrain fantastique pour la recherche en biologie. Il faut également souligner l’hospitalité des gens de l’endroit ! Un endroit de rêve pour faire du terrain et de la recherche ! 

La formation m’a permis d’apprendre les techniques d’installation de filets japonais – de longs filets souples d’environ 3 mètres de haut et de longueurs variables. Le filet est tendu entre deux poteaux dans des habitats jugés propices pour la capture de chauves-souris. Au crépuscule les filets sont ouverts et visités régulièrement. J’ai ensuite appris à les extraire du filet de manière sécuritaire. Des chauves-souris à la morphologie faciale inusitée aux chauves-souris à ventouse (photo à l’appui !) j’ai eu la chance de découvrir des espèces aux adaptations fascinantes. J’ai aussi pu apprendre à identifier morphologiquement ces espèces à l’aide de différentes clefs dichotomiques. Au total nous avons capturé 19 espèces différentes en quelques jours. Considérant que le Québec ne compte que 8 espèces, c’est assez incroyable ! Le clou du spectacle a néanmoins été deux mignonnes chauves-souris vampires (Desmodus rotundus) capturées le soir de l’Halloween. Un drôle de hasard ! 

Il ne faut pas négliger l’apport des inventaires acoustiques pour caractériser la communauté de ces animaux particuliers. Nous avons posé des détecteurs dans différents habitats et avons pu identifier plus de 36 espèces différentes. Les détecteurs enregistrent les cris des chauves-souris qui sont inaudibles à l’oreille humaine et permettent ainsi d’identifier des espèces qui ne seraient jamais capturées au filet japonais. Les méthodes d’inventaire par capture et celles acoustiques sont donc complémentaires.

Au final cette expérience m’a permis d’être en étroit contact avec les chauves-souris et à me faire réaliser l’incroyable diversité des milieux tropicaux. Prendre conscience de cette réalité est essentiel afin d’initier et de supporter les initiatives de conservations. Ces connaissances me seront grandement utiles comme je souhaite poursuivre ma carrière sur ce groupe de mammifère passionnant. Bref, je reviens de ce voyage avec des outils et des nouvelles idées pour essayer d’aider les chauves-souris d’ici et d’ailleurs. 

Virginie Lemieux-Labonté est candidate au doctorat en sciences biologiques à l’Université de Montréal dans le laboratoire d’écologie moléculaire et d’évolution sous la supervision du professeur François-Joseph. Elle étudie les microorganismes de la peau des chauves-souris dans le contexte d’une maladie qui ravage présentement les populations, soit le syndrome du museau blanc. Elle souhaite contribuer à l’instauration d’une expertise de recherche sur les chauves-souris au Québec ainsi que d’œuvrer à leur conservation.

Post date: October 04, 2019

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