Par Émile Brisson Curadeau, étudiant au doctorat à l’Université de McGill et l’Université de La Rochelle
Les manchots ou Sphéniscidés (qui ont aussi leur propre ordre, Sphénisciforme), sont si uniques et emblématiques qu’ils sont connus de tous, même si peu de gens ont réellement la chance de les voir. Ce sont, parmi les oiseaux, les experts de la plongée, avec certaines espèces plongeant régulièrement à plus de 200m, où la pression est plus de 20 fois supérieure à celle de la surface. Cette particularité, entre autres, fait des manchots un modèle d’étude vraiment intéressant. Les manchots sont donc très étudiés par les scientifiques et méritent donc leur propre conférence !
En septembre dernier, grâce à la généreuse contribution du CSBQ, je suis allé à la Penguin Congress au Chili pour présenter mes travaux de recherche sur les manchots royaux. À première vue très spécialisée, cette conférence a été assistée par un nombre impressionnant de scientifiques. Les sujets étaient variés : écologie, physiologie, épidémiologie, conservation, et bien d’autres ! Évidemment, au centre de chacun de ces thèmes se tenait une ou plusieurs des 18 espèces existantes de manchots. Ce fut très enrichissant de discuter avec autant de personnes qui s’intéressent à cette famille d’oiseaux si fascinante !
Quant à moi, je suis allé présenter sur une anomalie de reproduction qui a été observée pendant deux années d’affilée sur une des plus grandes colonies de manchots royaux au monde. Avec plus de 100 000 couples nicheurs, cette colonie nommée Ratmanoff est située dans le sud de l’Océan Indien et offre un spectacle magistral aux quelques chanceux qui ont la chance de l’observer. Normalement, le succès reproducteur de cette colonie est autour de 60% par année, c’est-à-dire que 60% des couples vont réussir à élever leur unique poussin avec succès. Or, en 2009 et 2010, le succès reproducteur a été presque nul ! Je me suis penchée sur cette mystérieuse anomalie pour essayer d’éclaircir les raisons qui ont causé ces saisons de reproduction catastrophiques. Spoiler alert : je n’ai pas réussi à tout résoudre, mais j’ai certainement trouvé des pistes !
Tout d’abord, il faut savoir que le manchot royal possède un cycle de reproduction assez particulier; c’est le plus long parmi tous les oiseaux. Effectivement, alors que même les plus gros oiseaux prennent normalement quelques mois entre le moment de la ponte et l’envol des poussins, les manchots royaux ont besoin de plus d’un an pour que leur progéniture puisse enfin partir en mer. Par conséquent, un individu ne peut pas se reproduire avec succès deux années d’affilée, puisqu’il commencerait la ponte en retard la deuxième année. La majorité des individus se reproduisent donc seulement tous les deux ans.
Sachant cela, j’ai découvert que la période qui a été déterminante pour les deux saisons de reproduction (2009 et 2010), est en fait la même : l’hiver 2009. Avant cette période, la reproduction de la cohorte 2009 allait bien ; les poussins étaient relativement gras et le taux de survie était élevé. Après l’hiver, les adultes ont eu de la difficulté à alimenter avec succès leur poussins, qui sont presque tous mort de la famine. Quant aux individus se reproduisant en 2010, ils rejoignent normalement la colonie au printemps mais cette année là, ils sont arrivés en retard. Ce retard fut probablement dû à des conditions hivernales difficiles en mer. Ces manchots ont donc commencé la reproduction avec un gros décalage, ce qui a engendré un échec massif de leur reproduction.La prochaine question que je me suis posé fut « mais qu’est-il bien arrivé en hiver 2009 ? ». Malheureusement, c’est là qu’il reste encore des mystères. Vous pouvez toutefois lire quelques hypothèses dans mon article scientifique publié dans Scientific Report et intitulé Investigating two consecutive catastrophic breeding seasons in a large king penguin colony.
À propos de l’auteur:
Émile est un étudiant au doctorat, en cotutelle avec l’Université de McGill et l’Université de La Rochelle. Son projet examine l’effet des changements climatiques sur les manchots royaux. C’est également un passionné d’oiseaux depuis son enfance, ayant toujours des jumelles à son cou!
Par Ann Lévesque, PhD, nouvellement titulaire d’un doctorat de l’Université du Québec en Outaouais
Naviguer à travers les méandres des études doctorales peut être à la fois exaltant et ardu. Cependant, les défis rencontrés en cours de route sont souvent équilibrés par les occasions exceptionnelles qui se présentent, tels que des stages à l’étranger, des échanges enrichissants avec des chercheurs et chercheuses de renom, et des conférences stimulantes qui ouvrent de nouvelles perspectives.
Grâce à la bourse d’excellence du Centre de la Science de la Biodiversité du Québec (CSBQ) et à la Chaire de recherche du Canada en économie écologique, j’ai eu la chance de présenter un segment d’un de mes chapitres de thèse lors de la 17e Conférence biennale de la Société internationale d’économie écologique (SIEE) qui s’est déroulée en Colombie pendant la semaine du 23 au 28 octobre 2023. L’économie écologique est une nouvelle aire de recherche interdisciplinaire qui examine les interactions entre les systèmes sociaux et les écosystèmes naturels, dans la recherche, l’éducation, la politique et la pratique.
Ma participation à cette conférence a été particulièrement mémorable en raison de la session à laquelle j’ai pris part, intitulée “Désapprendre les vérités scientifiques hégémoniques comme moyen de transformer notre avenir socio-naturel“. Aux côtés d’expert.e.s venant de divers horizons, nous avons exploré des sujets captivants et parfois controversés, remettant en question les paradigmes établis et cherchant des moyens novateurs de façonner un avenir plus durable. Par exemple, un chercheur a présenté les résultats d’une étude impliquant sept communautés Anishinaabe au Canada, qui combinent des approches quantitatives et qualitatives. Cette recherche démontre que les personnes profondément ancrées dans la culture autochtone ont une affinité marquée avec la nature. Elle souligne aussi les tensions entre la science occidentale et les connaissances autochtones, marquant un changement significatif dans la manière dont les interactions humaines avec la nature sont perçues, et remettant en cause les paradigmes traditionnels.
Un aspect marquant de cette session était la diversité des points de vue présentés. Chaque participant.e a offert une perspective unique et éclairante sur les défis environnementaux auxquels nous faisons face, enrichissant ainsi nos échanges et nos réflexions. Les sujets abordés étaient variés, allant de la remise en question des paradigmes scientifiques occidentaux à la compréhension des connaissances pratiques pour résoudre les problèmes écologiques, en passant par l’exploration des relations entre l’État, le colonialisme et le capitalisme. Une chercheuse a notamment discuté de la nécessité de repenser la science pour mieux servir la dignité, la justice et la survie des espèces. Celle-ci a souligné qu’au-delà de l’interdisciplinarité, il est crucial de déconstruire les fondements du système scientifique occidental. Cette démarche implique d’identifier et de remettre en question les mythes qui soutiennent des pratiques nuisibles pour les êtres humains et non-humains, comme la supériorité de l’humain sur la nature et la préférence pour le savoir occidental sur les autres systèmes de connaissance. La conférencière a proposé des alternatives plus inclusives et justes, remplaçant la compétition par la coopération et la propriété privée par le bien commun, dans le but de favoriser des changements transformateurs.
En addition, des thèmes juridiques et sociaux, tels que les droits de la nature et le rôle des créateurs de contenu sur les réseaux sociaux en tant que scientifiques citoyens, ont également été discutés. De plus, une conférencière a partagé des résultats préliminaires d’un projet de restauration des zones humides en Colombie. Ce projet de restauration transdisciplinaire des mangroves se déroule dans la Ciénaga Grande de Santa Marta, en Colombie, où plus de 5 000 personnes dépendent de ces écosystèmes pour leur subsistance. Ce projet cible la restauration de 30 hectares de mangrove et fonctionne comme un laboratoire vivant, destiné à développer des méthodes innovantes de restauration qui bénéficient à la fois à la qualité de vie des populations locales et à la santé des écosystèmes. Cette initiative met en avant les connaissances locales, impliquant activement les communautés de pêcheurs dans les processus de récupération écologique et alliant savoir scientifique et pratiques traditionnelles. Les premiers résultats montrent des taux de survie encourageants pour les mangroves restaurées, démontrant l’efficacité de l’intégration des savoirs locaux dans la gestion des ressources naturelles et la régénération des écosystèmes.
Durant ma présentation, j’ai partagé des résultats de ma thèse portant sur l’évolution du conflit de conservation au lac Saint-Pierre (LSP), au Québec, où les modifications des pratiques agricoles et la conversion des cultures pérennes en cultures annuelles ont affecté négativement les habitats de la perchaude, entraînant un déclin marqué de cette espèce depuis les années 1990. En réponse à cette situation, les autorités québécoises ont instauré en 2012 un moratoire sur la pêche à la perchaude. Cette mesure a toutefois exacerbé les tensions entre les pratiques agricoles et les initiatives de conservation. Ma recherche met en lumière comment le processus de cadrage scientifique du problème, cherchant à mobiliser les parties prenantes pour restaurer les habitats de la perchaude, influence la transformation des pratiques agricoles dans les plaines inondables du LSP. Cependant, le cadrage scientifique, généralement axé sur des solutions techniques, a tendance à négliger les perspectives sociales des communautés concernées, soulignant ainsi l’importance d’intégrer une variété de points de vue dans l’élaboration de solutions à des problèmes complexes. Par exemple, mes entretiens avec les acteurs locaux ont montré des opinions variées sur les stratégies de restauration, révélant des divergences et convergences utiles pour des collaborations futures.
Sans vouloir remettre en cause les consensus scientifiques, ma thèse s’interroge sur le rôle de la science pour soutenir l’implantation de politiques publiques en environnement. En raison de la complexité des problèmes environnementaux, impliquant divers facteurs et perspectives, ma présentation a souligné la nécessité d’une collaboration entre scientifiques, détenteurs de différentes connaissances et participation citoyenne pour trouver des solutions. Cette collaboration permet notamment de rendre légitimes les différentes compréhensions d’un problème, de sensibiliser l’ensemble des acteurs sur les réalités de chacun, de proposer une gamme d’options possibles pour atteindre des gains environnementaux et de soutenir l’atteinte d’une meilleure équité entre les parties.
En tant que chercheuse en économie écologique, ma participation à cette conférence a été une opportunité unique. Non seulement ai-je élargi mes propres connaissances et perspectives, mais j’ai également eu l’occasion de contribuer à un dialogue mondial sur les défis environnementaux et sociaux actuels. De plus, cette expérience m’a permis de tisser de nouveaux liens et d’explorer de nouvelles perspectives. En fin de compte, cela m’a rappelé l’importance de rester ouverte d’esprit et de collaborer avec des personnes aux perspectives diverses pour relever les nombreux défis de notre époque. À mesure que nous continuons à explorer de nouvelles voies pour un avenir plus durable, il est essentiel de cultiver un dialogue inclusif et de chercher des solutions qui tiennent compte de la complexité du monde qui nous entoure.
PS : Si vous cherchez une lecture qui dépasse le cadre du quotidien, je vous recommande chaudement ma thèse intitulée “L’analyse des processus de cadrage d’un conflit de conservation : un regard pluriel sur la cohabitation agriculture-faune au lac Saint-Pierre, Québec, Canada“. Vous pouvez la trouver ici : https://di.uqo.ca/id/eprint/1599/. Attachez votre ceinture pour un voyage passionnant à travers les profondeurs de la socio-écologie économique!
À propos de l’auteure : Ann Lévesque, fraîchement titulaire d’un doctorat en sciences humaines et sociales de l’environnement de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), allie passion et expertise dans ses domaines de prédilection : l’économie écologique, l’écologie politique, et récemment l’innovation ouverte. Depuis qu’elle a rejoint les rangs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), elle met à profit ses connaissances pour contribuer au rayonnement de la Division des laboratoires vivants. Ces laboratoires vivants sont spécialement conçus pour répondre aux besoins réels des agriculteur.trice.s, en favorisant une collaboration étroite et transdisciplinaire entre agriculteur.trice.s, scientifiques et divers partenaires, afin de développer des solutions innovantes adaptées aux défis actuels de l’agriculture.
Cela fait 5 ans que le dernier billet de Science en images n’a pas été publié et Le Beagle pense que son retour se fait attendre depuis longtemps ! Nous sommes ravis de partager à nouveau les belles images capturées par les étudiant.e.s et post-docs du CSBQ. Vous avez une photo agréable à regarder ? Soumettez-la pour qu’elle soit publiée par Le Beagle !
Ce que nous recherchons :
Une image de haute qualité représentant tout ce qui est lié à la biodiversité (par exemple, méthodologie, photos d’organismes, phénomènes au niveau de l’écosystème, etc.)
Un titre concis
Une brève description (< 200 mots) de ce qui est illustré
La section “À propos du photographe”, qui détaille qui vous êtes, où et ce que vous étudiez, vos réseaux sociaux (facultatif) et tout autre fait amusant (facultatif).
Pour participer, envoyez-nous un courriel à lebeagle.csbq[at]gmail.com
It has been 5 years since the last Science in images post and Le Beagle thinks it’s return is long overdue! We are excited to return to sharing the beautiful images captured by QCBS student and post-doctoral members. Do you have a visually pleasing photo? Please submit it to be published by Le Beagle!
What we are looking for:
A high-quality image depicting anything related to biodiversity (e.g., methodology, organismal photos, ecosystem-level phenomena, etc.)
A concise title
A short description (< 200 words) of what is pictured
About the photographer section, which details who you are, where and what you study, social media handles (optional) and any additional fun facts (optional)
To participate, email us at lebeagle.csbq[at]gmail.com
Par Emmanuelle Marchand, étudiante à la maîtrise à l’Université de Sherbrooke
Le 13 août 2023, après un long périple aérien et ferroviaire, j’ai ressenti une excitation grandissante en atteignant enfin l’Université de Bielefeld, en Allemagne. Mon but : présenter à la conférence internationale Behaviour 2023 mes résultats de maîtrise portant sur les effets de l’âge parental sur les traits d’histoire de vie de la progéniture chez le Mouflon d’Amérique (Ovis canadensis).
Mon premier objectif fut de récupérer mon précieux « kit du participant ». À l’intérieur de ce sac arborant fièrement le logo du congrès, se trouvaient un carnet, un crayon, une tasse à thé et mon porte-badge personnalisé « Emmanuelle Marchand, Laboratoire Marco Festa-Bianchet | Université de Sherbrooke, Canada ». Ouf! Ces simples objets se sont révélés bien plus que de simples accessoires; ils étaient les symboles tangibles d’un seuil franchi, d’un point de non-retour vers cette aventure captivante qui allait se dérouler du 14 au 20 août! Cependant, ce n’est qu’à la cérémonie d’ouverture que la véritable envergure de cet événement m’a frappée. Nous étions une assemblée de 800 participants venant de 44 pays différents! L’annonce de ces chiffres par les organisateurs a provoqué en moi un mélange de vertige et d’émerveillement. Ainsi, c’est devant un public international composé de personnes passionnées et passionnantes, que j’ai eu le privilège de présenter ma recherche.
À partir de cinquante années de données démographiques prises sur une même population de mouflons sauvages, j’ai testé l’hypothèse que la longévité des mouflons était affectée par l’âge de leurs parents à la conception. Et en effet, il existe une corrélation négative significative entre l’âge maternel et la longévité des descendants. Une tendance similaire, quoique non significative, s’observe avec l’âge paternel. Il existe également une corrélation positive entre la longévité des mères et celle de leurs progénitures. Les mères ayant survécu plus de sept ans donnent naissance à des jeunes qui vivent en moyenne un an et demi de plus que celles issues de mères décédées avant cet intervalle d’âge. En revanche, aucun effet significatif de l’âge parental n’a été détecté sur la masse à trois ans de la progéniture, quel que soit le sexe, ou sur le succès reproductif des filles.
Pour résumer, ces résultats démontrent la présence d’effets persistants de l’âge maternel chez une espèce à longue durée de vie. Les effets spécifiques au sexe confirment l’importance d’analyser séparément les effets de l’âge maternel et paternel, ainsi que les effets sur les filles et les fils. Cette étude contribue à notre compréhension des processus évolutifs et des interactions entre les individus dans une population naturelle de mammifères longévifs.
L’obtention d’un Prix d’Excellence du CSBQ a constitué une opportunité exceptionnelle pour moi. Il m’a permis de vivre une première expérience de présentation lors d’une conférence qui demeurera gravée dans ma mémoire pour longtemps. En plus de m’avoir offert la chance de faire des rencontres inoubliables et de revenir chez moi remplie de motivation et d’inspiration suite aux nombreuses présentations auxquelles j’ai pu assister, cette opportunité a considérablement renforcé ma confiance en mes compétences de communication scientifique.
A propos de l’auteure : Emmanuelle Marchand est étudiante à la maîtrise à l’Université de Sherbrooke et étudie le mouflon dans le laboratoire de Marco Festa-Bianchet.
By Alexandra Langwieder and Don-Jean Leandri-Breton, PhD student and former PhD student at McGill University
In December 2022, we traveled to Edinburgh, Scotland, to present our PhD research at the British Ecological Society Annual Meeting, thanks to funding provided by the Quebec Center for Biodiversity Science Excellence Awards. This is one of the World’s largest conferences in the field of Ecology. It was thus a fantastic opportunity to network with other scientists, learn about the latest research in our field, and explore the vibrant city of Edinburgh and its surroundings.
The conference was held at the Edinburgh International Conference Centre, a modern venue located in the heart of the city. We were impressed by the high level of organization and the quality of the presentations. We were also excited to have the opportunity to present our own research to a knowledgeable and interested audience. During the conference, we attended a variety of sessions and workshops, which covered topics such as movement ecology, community-based research, and species interactions. We had the chance to listen to talks by renowned scientists, participate in lively debates, and interact with other graduate students from around the world. We presented our respective most recent PhD’s results on the genetic differentiation of polar bear populations in James Bay (Alexandra’s work) and energetic costs of wintering decisions in Arctic-nesting seabird (Don-Jean’s work).
In our free time, we explored the city of Edinburgh and its surroundings. We visited the famous landmarks, such as the Edinburgh Castle, the Royal Mile, and the Dean Village, a medieval town in the middle of the city with beautiful architecture and interesting history. We also enjoyed the vibrant nightlife of the city, sampling local foods and drinks and meeting with local people.
One highlight of our trip was a day trip to the Scottish Highlands, a vast and wild region of mountains, valleys, and lakes. We took a train ride through the breathtaking landscape, and visited the picturesque town of Pitlochry, where we saw the famous salmon ladder and tasted local whisky. We also went on a hiking trip near the Cairngorms National Park, one of the largest national parks in the United Kingdom, and were amazed by the beauty of the mountainous terrain and the diversity of the local flora and fauna.
The trip to Scotland was a memorable and enriching experience for us, both academically and culturally. The funding provided by the Quebec Center for Biodiversity Science allowed us to attend a prestigious international scientific conference, meet with other scientists, and gain new insights into our fields of research. We also had the opportunity to explore a fascinating and beautiful country, and to learn about its history, culture, and people. Overall, the trip was a valuable and rewarding experience that provided opportunities to expand our professional networks and form new collaborations.
About the authors: Alexandra Langwieder is a PhD student at McGill University and a member of the Northern Wildlife Knowledge Lab. Don-Jean Leandri-Breton is a former PhD student at McGill University and the Centre d’Études Biologiques de Chizé. Currently, they are a post-doctoral researcher at Università degli Studi di Milano.
Par Laurie L’Espérance, étudiante à la maîtrise à l’Université de Sherbrooke
Photo prise par Justine Le Vaillant
Je pourrais vous parler de ma recherche sur l’Hirondelle bicolore. Vous expliquer comment mes résultats m’ont appris que l’environnement influence la migration de ces passereaux. D’ailleurs, vous avez peut-être déjà écouté mes présentations dans des congrès en écologie. La lecture de mon article ou de mon mémoire pourrait encore plus vous éclairer sur le sujet. Toutefois, ce qui ne figure pas dans ces communications est mon apprentissage sur le leadership. Pour vous mettre en contexte, ma maîtrise ne s’est pas restreinte à la réalisation de mon projet de recherche. En plus du projet en soi, on m’a confié la gestion d’un suivi à long terme de la reproduction de l’hirondelle bicolore dans le sud du Québec impliquant des étés d’échantillonnage sur le terrain ainsi que la formation et supervision de plusieurs stagiaires. Moi-même étant une étudiante en cours de formation et ayant été stagiaire, j’ai pu expérimenter les deux côtés de la table d’entrevue. Voici quatre éléments que j’ai appris :
Il faut être présent(e). Arriver au bureau et dire « bon matin ! » à vos collègues, dîner avec les autres membres du laboratoire en discutant de toutes sortes de sujets, que ce soit des activités que vous avez faites durant la fin de semaine, de quels animaux contre lesquels Martin serait capable de se défendre dans une hypothétique arène ou de nouvelles recettes de lunch… Ce sont des interactions spontanées qui font toute la différence ! Ce n’est pas en restant à la maison en télétravail que vous développerez le mieux vos relations professionnelles. Montrez que vous êtes accessible par votre présence humaine et non par un rond vert sur Teams. Qui sait toutes les opportunités professionnelles ou personnelles qui pourraient s’offrir à vous si vous êtes présents pour les recevoir ? Par exemple, discuter autour d’une bière au refuge des brasseurs le vendredi soir m’a amenée à participer à un concours de vulgarisation scientifique avec un collègue. En plus du fait que la communication est souvent plus efficace en personne, être présent(e) fait qu’on se rappellera mieux de vous, et inversement vous saurez vers qui vous tourner en cas de besoin. Le jour où votre stagiaire aura un problème, il/elle se sentira plus à l’aise de vous contacter, et quand le temps sera venu pour votre directeur(trice) de recherche de recommander ou choisir quelqu’un, il/elle pensera à vous.
Il faut savoir déléguer. Étant une personne très travaillante et qui veut bien faire les choses, j’avais du mal à lâcher prise et déléguer des tâches aux autres jusqu’à ce que j’apprenne ceci : un(e) leader doit savoir déléguer pour qu’il/elle puisse accomplir son rôle. Imaginez que le projet à réaliser est une grande murale. Le rôle du leader est de coordonner l’équipe d’artistes qui ont chacun la tâche de peindre une couleur. Le/la leader devrait alors reculer de quelques pas du mur pour avoir une bonne vue d’ensemble de l’œuvre et ainsi être capable de guider les artistes où apposer leur couleur. Si le/la leader s’approche du mur pour peindre une section, il/elle perd non seulement l’ensemble du projet de vue, mais aussi toute son attention est maintenant dirigée sur une partie de l’œuvre, l’empêchant d’être à l’écoute de son équipe. Le/la leader a la responsabilité que le projet soit mené à terme à temps en mettant de l’avant les forces de ces artistes et en ajustant la charge de travail en conséquence. De même, sur le terrain il m’était impossible de tout faire toute seule, il me fallait apprendre à connaître mon équipe et leur faire confiance pour accomplir leurs tâches dans l’ensemble du projet.
Il faut reconnaître les efforts et les succès des autres. C’est très simple : une personne qui se sent valorisée au travail aura encore plus envie de travailler. C’est important de reconnaître les efforts de ses employés/collègues et de les féliciter pour leur succès. Lors de la supervision d’un(e) stagiaire par exemple, je commence par mettre au clair mes attentes envers lui/elle et les siennes envers moi. Ensuite, on améliore notre travail par la rétroaction. On discute de nos bons et moins bons coups, lui/elle dans ses tâches de travail, et moi comme superviseure pour qu’on apprenne de notre expérience. Oui, la rétroaction se fait dans les deux sens. N’oubliez pas que sans votre équipe, vous ne pourriez pas réaliser le projet dans les temps ou du tout.
Il faut prendre des décisions. L’indécision est pire que de faire le « mauvais » choix. Je dis le « mauvais » choix, mais en fait vous basez vos décisions sur les informations dont vous disposez au moment de prendre la décision pour faire le meilleur choix. C’est seulement a posteriori que vous pourrez comparer les conséquences réelles de votre décision avec celles que vous attendiez. Revenons à la murale. Si un(e) artiste de votre équipe vous fait signe qu’il n’y a plus de peinture verte, vous avez le choix entre l’envoyer acheter de la peinture verte au magasin ou d’emprunter de la peinture jaune et de la peinture bleue à ses collègues pour produire de la peinture verte. Que vous choisissiez une option ou l’autre, au final vous devrez régler le problème de manque de peinture verte. Peut-être qu’une option est plus rapide ou plus économe qu’une autre, mais ne rien faire ne règlerait certainement pas votre problème. De plus, en choisissant une option vous apprendrez quelque chose de nouveaux, que ce soient les heures d’ouverture du magasin, les milles teintes de vert possibles à partir du jaune et du bleu ou que produire de la peinture mobilise trois artistes plutôt qu’un(e) seul(e) pour aller au magasin. Bref, on apprend bien plus de nos choix que de nos indécisions.
Je vous parle de leadership du point de vue d’une jeune femme de 24 ans qui termine sa maîtrise en écologie. Je ne prétends pas détenir tous les savoirs sur l’art du leadership. J’en ai encore beaucoup à apprendre, mais j’espère que ce billet vous aura montré qu’on apprend bien plus que « faire de la science » durant notre parcours académique. Le Centre de la science de la biodiversité du Québec (CSBQ) rassemble de nombreux modèles de leadership en science. D’ailleurs, je remercie le CSBQ de m’avoir octroyé une bourse d’excellence qui m’a permis de communiquer ma recherche dans le congrès international Behaviour 2023 à l’Université de Bielefeld en Allemagne.
A propos de l’auteure : Laurie L’Espérance, étudiante à la maîtrise dans le laboratoire de Fanie Pelletier à l’université de Sherbrooke, s’intéresse aux effets des conditions environnementales vécues en migration et au site de reproduction sur la phénologie printanière de l’Hirondelle bicolore. Pour la contacter : laurie.lesperance[at]usherbrooke.ca